Au regard de ses finances, le diocèse d’Avignon est-il un diocèse comme les autres ?
8 décembre 2014
La question se limite à l’Association Diocésaine et ne concerne pas les congrégations, ni les associations ou mouvements périphériques qui ont leur propre source de financement, mais englobe toutes les 49 paroisses et les services diocésains.
Méthode
En 2009, la Conférence des Evêques de France (CEF) a mis à disposition sur internet un document remarquablement clair sur les finances des diocèses de France, avec des diagrammes et des moyennes. Nous avons mis nos pas dans le déroulé de cette présentation (ci-dessous).
Nous vous proposons aujourd’hui de visiter les ressources, puis les dépenses de notre diocèse.
Ressources
. Le Patrimoine offre en moyenne 3% des revenus et 17% des dépenses ! Cette richesse, issue du bâti et des legs depuis 1905, est une charge énorme pour nous. (Voir les chiffres-clés) .Il nous faudrait 40% du budget annuel du diocèse pour en assurer un entretien exigeant. C’est hors de portée. Nous restons dans la moyenne nationale, mais nous sommes incapables, financièrement, de valoriser tout notre parc immobilier. Des réhabilitations à destination locative sont en cours. Elles resteront marginales.
. L’épargne de précaution est une contrainte budgétaire. La Conférence des Evêques de France recommande de se couvrir à hauteur d’un an de fonctionnement. Nous sommes en route pour le réussir, mais pas vraiment encore arrivés. En 2009, certains diocèses avaient plus de 4 années de réserve, et la moyenne des diocèses était à plus de deux ans. Nous sommes très en dessous de la moyenne nationale, mais à l’abri des dramatiques cessations de paiement que connaissent certains diocèses.
Les quatre grandes ressources
. Denier Le denier couvre en moyenne 30% des ressources, mais seulement 20% chez nous. Cependant, le don moyen augmente en France et chez nous aussi. Parti de très bas, notre nombre de donateurs augmente un peu (+8% en 2013). En France, un pratiquant sur quatre ne donne rien du tout. Nous aurions satisfaction à ce que le Vaucluse rejoigne la moyenne française ! Si le don moyen augmente, nous manquons toujours de donateurs pour mettre à l’équilibre les besoins stricts du clergé. Il manque 400 000 € pour payer les traitements et les charges sociales (retraites, prévoyance, mutuelle, etc).
. Quêtes offrent en moyenne et chez nous 19% des revenus. C’est une recette en progression. Cet argent reste dans les paroisses et couvre en général les charges courantes.
. Casuel Le casuel, proposition d’offrande pour les baptêmes, les mariages et les obsèques, est une ressource en hausse en France et chez nous, en dépit d’un constat largement partagé de la baisse de fréquentation religieuse. C’est en gros 10% des ressources, en moyenne nationale et chez nous.
. Offrandes aux intentions de messe
Les offrandes aux intentions de messe(pour rappel : 17 € proposés) sont en baisse pour la moyenne de la France à 7,5% des ressources, mais stables chez nous, grâce aux quêtes faites pendant les obsèques. Chaque prêtre est rétribué pour 25 messes par mois (même s’il en préside 40). Cette ressource pourra certainement augmenter si elle est bien expliquée et déborde l’habitude de l’associer surtout aux défunts.
Autres ressources
. Legs Les legs représentent en moyenne et pour nous 10% des ressources. C’est un apport stable très attendu.
. Intérêts
Les intérêts de l’épargne de précaution s’ajoutent aux sommes épargnées. Cette part montre des variations considérables entre des diocèses. La moyenne nationale est pour 13 % des ressources. Pour nous, elle est d’environ 4%.
En conclusion, le diocèse d’Avignon se classe pour son budget, en gros à la soixante-quinzième place. C’est un diocèse rural assez déchristianisé. En dépit de tout ce qui est donné à entendre sur une certaine désaffection de l’Eglise, notre diocèse enregistre la progression de toutes ses ressources. Il n’a des comptes à rendre qu’à ses donateurs qui peuvent en tirer aujourd’hui une discrète fierté.
Emplois (ou dépenses)
. Traitements Le traitement des prêtres et celui des salariés laïcsexige en moyenne 44% des ressources, dont 25% pour les prêtres et 19% pour les salariés des Associations diocésaines. C’est différent chez nous. Nos comptes montrent 30 % des dépenses : 20% pour les prêtres et 10% pour les autres salariés. Cette singularité tient à un nombre très réduit de salariés (12 équivalent-plein temps) en comparaison de beaucoup de diocèses. 30 séminaristes entrent dans ces lignes de dépense (18 du Chemin Néocatéchuménal, 7 issus du diocèse, 5 des communautés nouvelles).
Les autres communautés (à Béthanie, à la Métropole, Carmes et Carmélites) et communautés nouvelles (Shalom, Pantokrator, PalavraViva et la Famille Missionnaire Dialogue de Dieu) ne comptent pas dans cette enveloppe de dépenses.
. Paroisses
Les paroisses ont en moyenne besoin de 20% des ressources du diocèse. C’est aussi le cas pour nous. C’est pour l’essentiel l’argent de quêtes. Des legs expressément ciblés peuvent s’y ajouter.
. Entretien de locaux L’entretien de locaux, les équipements et les amortissements exigent en moyenne 17% des ressources. Il nous en faudrait plus du double ! Nous restons par contrainte, dans la moyenne nationale.
. Communication
La communication (radio, journaux…) demande en moyenne 3% des ressources. Les besoins budgétaires annuels de fonctionnement pour notre diocèse sont tenus à 1% , dont 0,7% pour la Radio.
. Contributions
Les contributions à la Conférence des Evêques de France et la fiscalité émargent en moyenne à 2% des dépenses. Cette valeur est inférieure à 1% chez nous.
Le diocèse d’Avignon est-il singulier, au survol de ses dépenses ?
Sur deux points, il révèle un écart avec les moyennes nationales. Il y a très peu de salariés et beaucoup de bénévoles. Les diocèses qui ont concédé des embauches, même à temps partiel, peuvent se trouver maintenant dans l’embarras. L’écart de la part budgétaire dans le pourcentage du traitement des prêtres est amené à se réduire, au motif que le diocèse d’Avignon ouvre des paroisses qui avaient été fermées (+8). Le nombre de prêtres augmente (+5). C’est un profil singulier qui ne concerne que peu de diocèses en France.
L’allure générale des finances donne à voir une situation apaisante. Bien qu’à la hausse, les ressources restent encore insuffisantes au regard du Denier de l’Eglise, et cela, nous l’écrivions plus haut, tient plus au nombre de donateurs qu’au don moyen qui continue à progresser.
Nous n’avons aucun élément dans le document de la CEF pour comparer nos coûts liés à l’accueil de nos communautés nouvelles.
Chaque diocèse a son histoire et son patrimoine depuis 1905. Un diocèse en forte poussée démographique a construit beaucoup de lieux de cultes et de locaux pour ses paroisses. Trop pour les besoins présents ? La comparaison sur cette question n’a plus guère de sens, sauf à nous avoir offert une méthode.
La transparence est demandée de plus en plus, y compris dans notre Eglise. Ce petit dossier que vous pouvez consolider par l’écoute de 2 émissions de RCF Vaucluse explicite notre souci de vous savoir instruits des faits, rien que des faits !